samedi 22 décembre 2007

Sud Laos, les 4000 iles : Don Det, Don Khone et Don Khong

Ca y est me voici arrivee au Laos apres un passage a la frontiere ou il a fallu aligner 1 dollar cote cambodgien et 1 dollar cote laotien (quelle arnaque !!).
Je retrouve le Mekong a l'endroit ou il est le plus large (14 km pendant la saison des pluies !). Durant la saison seche, le fleuve se retire et laisse emerger des centaines et meme des milliers d'iles et ilots, d'ou le nom de cet endroit.

Le minibus qui nous a conduit depuis la frontiere laotienne nous depose a Ban Nakasang ou l'on prend un petit bateau pour aller sur Don Det, petite ile sans voiture, sans electricite (seulement des generateurs de 18h a 21h), coin favori des routards car on peut y trouver des bungalows (sommaires) a 1 dollar la nuit avec sanitaires a l'exterieur et eau froide bien sur, mais avec un hamac et vue magnifique sur le Mekong. On peut passer 4 ou 5 jours ici sans s'en rendre compte, a ne rien faire que se balancer sur son hamac, bouquiner, boire des bieres ou des jus de fruits... bref un endroit relax.


Je ne suis restee que 2 nuits sur Don Det, mais j'ai bien apprecie la belle lumiere sur le Mekong et les couchers de soleil splendides.




J'ai loue un velo et parcouru l'ile de Don Det (c'est a peu pres tout ce qu'on peut faire ici !!).



Arrive au sud de l'ile, un pont construit par les francais permet d'atteindre l'ile de Don Khone, un peu plus grande et sur laquelle on trouve plus de cultures (coco, bambou). On y voit aussi de vieilles maisons coloniales francaises.


Puis je suis arrivee a Tat Somphamit (aussi appele Li Phi Falls), un ensemble de rapides : il parait qu'a la saison des pluies on peut voir les pecheurs installer au milieu de ces rapides des nasses avec lesquelles ils peuvent pecher jusqu'a une tonne de poissons.





Au Laos je retrouve les chapeaux coniques des vietnamiens portes souvent par les paysans (au Cambodge le chapeau conique etait remplace par le Krama, sorte de foulard a carreau).


Je continue ma ballade et passe un pont de singe sur une jolie riviere, et arrive sur un terrain un peu caillouteux.



Je surestime un peu les possibilites de mon velo qui n'est pas tout terrain et je perds un ecrou qui permet de retenir le garde boue, du coup le garde boue se coince et bloque la roue, c'est la cata, je ne peux plus rouler et personne en vue ... et comme je ne suis pas tres douee en bricolage, je rebrousse chemin tant bien que mal en portant plus ou moins mon velo, c'est bizarre comme la route me semble bien plus longue maintenant. Mais j'apercois une maison et une laotienne qui me voit peiner et je lui montre mon probleme, elle appelle son mari qui me bricole un ecrou avec un bout de bois et une ficelle et miracle, ca marche je peux repartir !!! Khop Tchai Lai Lai (Merci beaucoup !!). Sur le chemin du retour quelques scenes :



Et encore un coucher de soleil, parce que je ne m'en lasse pas ...


Le lendemain je pars pour Don Khong, la plus grande des 4000 iles, moins charmante mais plus authentique dixit le Routard. Pour y aller, bateau, moto et re-bateau.Sur cette ile, on retrouve electricite, routes goudronnees et voitures, mais l'ile reste tout de meme tres calme et tranquille.
Je pars faire une ballade dans le sud de l'ile en velo. Quelques temples anciens :



Quelques vaches :


Une vegetation assez particuliere :




Et une nouvelle seance contemplative devant le Mekong, fleuve magique ... cela fera partie de mes plus beaux souvenirs :



Le lendemain, seconde viree a velo cette fois vers le nord de l'ile. Je m'arrete d'abord au petit temple a la sortie de Ban Khong.


Quelques rizieres :


Et voila, bye bye les 4000 iles, je repars vers le Nord, vers Champasak, avec ce bus (sur le toit poulets et motos).


Et a l'interieur du bus, un gamin qui surveille de pres un pot en plastique, a un moment il se degage une odeur de fromage pourri dans le bus et le gamin se jette sur le couvercle pour bien le refermer, les locaux dans le bus rigolent, et je me demande bien ce que ca peut etre mais n'ose pas aller voir ...

vendredi 21 décembre 2007

Nord Cambodge : Kratie et le Ratanakiri

De Kep, je remonte en bus sur Phnom Penh, passage oblige pour toutes les liaisons avec les differentes provinces. Je vais recuperer mes nouvelles lunettes et passe une nuit ici. Je commence a avoir mes points de reperes, c'est la troisieme fois que je repasse par la capitale. Je vais donc manger au restaurant Friends, restau d'une ecole hoteliere creee par un organisme de reinsertion des jeunes (bonne adresse si vous passez par la ...).

Le lendemain, apres 6 heures de bus j'arrive a Kratie, petite ville sur le Mekong au nord est de Phnom Penh. La seule attraction du coin pour les touristes ce sont les dauphins d'eau douce que Nicolas Hulot a montre dans son reportage sur le Mekong. Les dauphins Irrawaddy sont une espece menacee, en voie de disparition, on peut en compter maintenant 170, alors qu'ils n'etaient plus que 17 en 1998. On peut egalement les observer juste apres la frontiere laotienne au sud des chutes de Khone. Pour les observer depuis Kratie, il suffit de se rendre a un embarcadere a une douzaine de km de la ville et de prendre un petit bateau.


C'est en fin d'apres midi qu'on peut les voir facilement, pour les photos c'est plus difficile car on voit seulement leur nageoire qui sort de l'eau furtivement. Ils sont assez timides et craintifs, et ne s'approchent pas des embarcations. Mais c'etait un beau spectacle au coucher du soleil.



Apres une nuit a Kratie, je fais route plein est vers le Ratanakiri, province excentree au nord est du Cambodge aux confins du Vietnam et du Laos, region encore couverte de forets et peuplee de minorites ethniques, environne d'une nature encore sauvage : forets de bambous, jungle, foret dense ou vivent encore parait-il quelques tigres. Le bus part de Kratie avec plus d'une heure de retard, et j'arrive a Banlung , capitale de la province, a la nuit tombee. Je n'avais pas reserve d'hebergement comme d'habitude, mais d'habitude je m'arrange pour arriver de jour dans une nouvelle ville, c'est plus facile. Je decide de me joindre a d'autres voyageurs qui ont reserve au Yaklom Hill Lodge, a 6km de Banlung. Nous arrivons dans ce lodge au bout du monde perdu dans une vegetation luxuriante en pleine nuit ... Il me tarde de voir comment c'est la journee. Ici pas d'electricite, seulement un generateur de 18h a 21h ... Apres un bon repas, on me montre mon bungalow simple mais tres propre et bien decore, avec une moustiquaire et une salle d'eau (froide). Le lendemain je decouvirai que j'ai aussi un balcon et un hamac. Premiere nuit en pleine nature, ni coq ni chien ni voiture seulement les bruits des insectes et des oiseaux qui chantent le matin, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas dormi dans un endroit aussi calme.
Le lendemain j'arrive un peu trop tard pour voir le lever de soleil depuis un point de vue a quelques metres de mon bungalow :



Ensuite je pars pour une ballade vers le lac Yaklom a 2 km du lodge.


J'emprunte la route que l'on a pris hier soir pour arriver au lodge, une belle piste de terre rouge ...



Puis j'arrive a ce petit lac volcanique, l'eau est tres claire, et c'est tres agreable de se baigner ici.


Je fais le tour du lac a pied (1 heure), le long du sentier c'est essentiellement de la foret de bambous.


Quelques stands de ventes de boisson et de la viande de boeuf qui seche au soleil...


Retour au Yaklom Hill Lodge.



Le lendemain je pars pour un trek de 2 jours dans les villages kreung au nord de Banlung avec un couple de canadiens.


Notre guide cambodgien parle 5 langues : cambodgien, lao, anglais, la langue de sa communaute (Tampun) et la langue de la communaute Kreun. Chaque minorite ici a son propre langage et souvent ne parle pas le cambodgien.
La maison Kreung est construite sur pilotis :


Les Kreungs sont agriculteurs et chasseurs. Ils cultivent du riz, des legumes et des fruits. Ils ont des vergers d'arbres a noix de cajou (anacardiers). Ils consomment le riz qu'ils produisent et vendent les noix de cajou et les fruits (papaye, bananes).
Ils cultivent aussi du sesame, on peut voir les gerbes de sesame qui vient d'etre recoltees ici :


Tout au long du trek notre guide nous montrera les differents pieges qu'ils fabriquent pour attrapper de petits animaux (rats, chats sauvages, porc epic, oiseaux, ...).
Ils elevent aussi des vaches et des cochons.


Nous entrons dans une maison dont la toiture tresse de bambou et de vegetaux est vraiment tres belle :


A notre arrivee dans les villages ou les maisons, pas de hello ni de grands sourires a la difference du peuple cambodgien, ces populations sont plutot reservees, les enfants paraissent un peu effrayes par nous, quelque fois curieux, intrigues, et parfois on reussit a leur extorquer un sourire (pour les plus hardis ...). La population n'aime pas trop etre prise en photo.
Le soir nous dormons dans la maison commune du village, c'est ici que se font les mariages, les funerailles, les discussions avec les anciens. Un villageois vient preparer de l'alcool de riz qui sera conserve 2 semaines au minimum dans un grand recipient. Ils preparent de grandes quantites et quand l'alcool est bon a boire, ils se reunissent et a mon avis, se mettent dans un sale etat ...


Nous dormons sur une natte sur une estrade en bambou avec une moustiquaire et les aboiements des chien, et les chants des coqs a toute heure du jour et de la nuit. Au dessous de nous, les cochons qui cherchent des restes a manger ...


Je n'ai pas beaucoup dormi : beaucoup de bruits dans le village, couchage tres dur et j'ai eu froid (on est legerement en altitude ici).

Le lendemain nous repartons a la rencontre d'un autre village. A l'adolescence, les jeunes garcons d'un cote, les filles de l'autre, quittent leur parents et dorment respectivement dans la maison des garcons (des filles) jusqu'a leur mariage. La plus haute, a gauche, c'est la maison des filles, au milieu la maison des garcons, et a droite une maison traditionnelle.


Nous finissons la ballade par une baignade pres d'une petite cascade et une ballade dans une foret pres d'un plateau volcanique.



Que ces arbres sont beaux !! Malheureusement la region du Ratanakiri est victime de deforestation : les arbres a essences precieuses (palissandre et autres) sont abbatus et remplaces par du caoutchouc dont on fait l'exploitaton !!!

Une photo de Banlung, qui ressemble un peu a une ville du Far West, avant de repartir vers Stung Treng et la frontiere laotienne.


J'ai passe 4 jours vraiment tres agreables dans ce coin paume du Cambodge et je conseille vivement cette etape et ce lodge !!!

Fin du voyage au Cambodge, pays que j'ai beaucoup aime, les gens y sont tres chaleureux et attachants, les paysages varies, et le pays riche aussi bien culturellement que par sa nature.

Helas l'avenir du Cambodge est assez incertain. Ici regne la corruption comme dans beaucoup de pays d'Asie. De nombreux casinos se montent, de nombreux traffics, il faut blanchir l'argent sale, souvent en achetant des terrains d'ou la speculation fonciere, le prix des terrains augmente, les agriculteurs pauvres sont expropries, obliges de mendier, de vendre leurs enfants (marche de la prostitution). A la ville, dans les ateliers de textile, les conditions de travail ne sont pas meilleures, les ouvriers travaillent pour des salaires de misere, et les quelques syndicalistes courageux qui osent les soutenir et denoncer cela se font assassiner en pleine rue.
Triste visage du Cambodge que l'on ne percoit pas en tant que touriste ... Certains disent qu'une nouvelle revolution est proche, mais les cambodgiens ont deja donne, sont il pres a recommencer ???
Pour ceux que cela interesse, il y a de tres bonnes emissions a podcaster sur France Culture (Cambodge : le pays des tigres disparus) qui expliquent le traumatisme qu'a vecu le Cambodge au temps des Khmers rouges et la situation actuelle.